• Né le 27 janvier 1832, Lewis Carroll , Verseau ascendant Sagittaire


     Né le  27 janvier 1832, Lewis Carroll , Verseau ascendant Sagittaire

     
    Né le : 27 janvier 1832 à 03h45
    à : Daresbury (Royaume-Uni)
    Soleil : 6°17' Verseau AS : 3°09' Sagittaire
    Lune : 3°25' Sagittaire MC : 1°59' Balance
    Dominantes : Sagittaire, Verseau, Capricorne
    Lune, Jupiter, Pluton
    Maisons 1, 2, 3 / Feu, Air / Mutable
    Numérologie : chemin de vie 6
    Popularité : 16 134 clics, 967e homme, 1 716e célébrité
     
     

    Célébrités ayant la même date anniversaire : Wolfgang Amadeus Mozart, Marat Safin, Mike Patton, Bridget Fonda, Rosamund Pike, Georges Mathieu, Mimi Rogers, Mikhaïl Barychnikov, Nicolas Fouquet, Alan Cumming, Karen Velez, Nick Mason... Voir toutes les célébrités nées un 27 janvier.

     

    Verseau Ascendant Sagittaire

    6 DEGRE VERSEAU

    "UN PERSONNAGE MASQUE EXECUTE DES ACTES RITUELS PENDANT UN MYSTERE"

    Il s'agit dans ce rytme séquentiel 62 grade 1 d'assumer une responsabilité TRANSPERSONNELLE

    7 DEGRE VERSEAU

                    

    "UN ENFANT NAIT HORS D'UN OEUF"  

    Nous sommes à ce degré l'émergence de nouvelles mutations conformement aux grands rythmes du cosmos .

    HIRANYAGHARBA  est le nom donné en SANSKRIT au symbole de l'oeuf cosmique par lequel nait un nouvel univers .

    Bien sur cette image s'applique sur les différents plans de conscience.

     

    Biographie de Lewis Carroll

    Lewis Carroll (de son vrai nom Charles Lutwidge Dodgson) est un écrivain, photographe et mathématicien britannique né le 27 janvier 1832 à Daresbury, dans le Lancashire et mort le 14 janvier 1898 à Guildford.

    La jeunesse
    Le destin fait naître Charles Lutwidge Dodgson en 1832, d’un père pasteur, au sein d’une famille de onze enfants dont deux seulement se sont mariés. Tous étaient comme lui gauchers et, comme lui, bégayaient. A l’abri d’un presbytère isolé comme un château fort, ces anomalies, partagées par une communauté soudée, permirent à Charles de développer une personnalité d’enfant doué, hors des normes, dans un cocon protecteur.

    Le psychanalyste américain John Skinner estime que la gaucherie est à l’origine de cette obsession du renversement qui constitue l’un des thèmes dominants de Lewis Carroll. Dans De l’autre côté du miroir, le temps aussi bien que l’espace se trouve inversé. On écrit à l’envers, on souffre d’abord, on se blesse ensuite. Dans ce monde bizarre, il faut s’éloigner du but pour l’atteindre.

    Charles Dodgson, dans son âge mûr, devait prendre souvent plaisir à mystifier ses jeunes correspondantes en commençant ses lettres par la signature et en les terminant par le commencement.

    Quant au bégaiement, il serait peut-être à l’origine des fameux « mots-valises » à double signification. La hâte à s’exprimer, combinée avec son défaut d’élocution, aurait amené l’enfant à fondre involontairement deux mots en un seul.

    « Tout flivoreux vaguaient les borogoves,
    Les verchons fourgus bourniflaient. »
    De l’autre côté du miroir, Bredoulocheux, poème, traduction d’Henri Parisot.

    L’explication en est fournie par Humpty-Dumpty dans Alice aux pays des merveilles : « C’est comme une valise, voyez-vous bien : il y a trois significations contenues dans un seul mot… Flivoreux, cela signifie à la fois frivole et malheureux… Le verchon est une sorte de cochon vert ; mais en ce qui concerne fourgus, je n’ai pas d’absolue certitude. Je crois que c’est un condensé des trois participes : fourvoyés, égarés, perdus. »

    Le choc sera d’autant plus fort lorsque cette jeune personnalité affrontera la normalité – les autres enfants – à l’école de Richmond puis à la public school de Rugby en 1845. Il en gardera un souvenir affreux en raison des brimades que lui attiraient une timidité ou une incommunicabilité nées de ses anomalies.

    Les revues familiales
    Compte tenu de l’époque et du milieu, ses parents étaient irréprochables. Un père plein de dignité, altruiste, parfait à l’égard de sa femme et de ses enfants. Une mère gentille, bonne, insignifiante dont la douce voix ne prononçait jamais un mot plus haut que l’autre.

    Ceux qu’il aimait et tout un système social qu’il eût été malséant de contester se dressaient contre toute tentative de se rebeller. Il adoptera donc le comportement, la foi, les idées morales, les préjugés de son père et jusqu’au goût de celui-ci pour les mathématiques.

    Par compensation, un renforcement de sa personnalité se traduira par une expression accrue de ses dons, par la création littéraire. Pendant ses vacances, le jeune Charles Dodgson s’amusera à éditer des revues locales.

    Bien entendu, elles étaient manuscrites et réservées aux hôtes du presbytère de Croft-on-Tees, dans le Yorkshire, la demeure qui abritera la famille pendant vingt-cinq ans. Leurs vies furent brèves : La Revue du presbytère, La Comète, Le Bouton de rose, L'Etoile, Le Feu follet, Le Parapluie du presbytère et Méli-Mélo. Le Parapluie du presbytère, revue parue vers 1849, était illustrée de dessins rappelant ceux d’Edward Lear dont le Book of nonsense jouissait alors d’une très grande vogue. Edward Lear y mettait en scène des créatures singulières qui ont pu suggérer à Charles Dodgson l’idée du Snark, créature carrollienne presque invisible et redoutée.

    Ces tentatives littéraires juvéniles révèlent la virtuosité de Charles à manier les mots et les événements et sa disposition très originale pour le nonsense. Il fera même construire un théâtre de marionnettes par le menuisier du village et écrira des pièces pour l’animer : Tragédie du roi John, La Guida di Bragia, 1849-1850.




    Le professeur
    « Un personnage guindé, toujours vêtu d’une redingote noire à peine ouverte sur un faux col d’ecclésiastique, promenant un visage aux traits fins et aux accents mélancoliques. Ses cours, qu’il débitait mécaniquement, suscitaient surtout l’ennui ».

    Tel est le souvenir que conservaient, vers 1930, d’anciens élèves du cours de mathématiques professé par le révérend Charles Lutwidge Dodgson.

    Lorsqu’en 1855 l’ancien élève du Christ Church College d’Oxford y devient enseignant, Charles Dodgson est brutalement projeté dans le monde des adultes. Plus personne avec qui jouer ou rêver, plus personne avec qui communiquer.

    Mal à l’aise parmi les adultes, il fraie peu avec ses collègues. Sans amis, n’entretenant que des relations, ce célibataire déambule, solitaire, par les rues. Distant vis-à-vis de ses jeunes élèves masculins qui ne l’intéressent pas, il ne lui reste d’autre issue que s’évader dans le jardin enchanté du nonsense, traverser le miroir.

    C’est à cette époque que naît véritablement Lewis Carroll. A l’abri de la redingote du révérend Dodgson, l’enchanteur va faire paraître poèmes et articles dans des magazines.





    Le photographe
    En 1856, il collabore en particulier avec le magazine The Train dont le rédacteur, Edmund Yates, choisira parmi quatre pseudonymes proposés par Charles Dodgson celui de Lewis Carroll.

    Cette même année, traversé par le pressentiment de ce qui sera plus tard le spectacle cinématographique, il écrit dans son journal : « Je pense que ce serait une bonne idée que de faire peindre sur les plaques d’une lanterne magique les personnages d’une pièce de théâtre que l’on pourrait lire à haute voix : une espèce de spectacle de marionnettes ».

    Il achètera son premier appareil photographique à Londres le 18 mars 1856. Quelques jours plus tard, il se rend dans le jardin du doyen Liddell au Christ Church College pour photographier la cathédrale. Il y trouve les trois fillettes Liddell dont Alice, sa future inspiratrice, et les prend pour modèle.

    Rapidement, il excelle dans l’art de la photographie et devient un photographe réputé. Son sujet favori restera les petites filles mais il photographie également des connaissances : peintres, écrivains, scientifiques ainsi que des paysages, statues et même des squelettes par curiosité anatomique.

    Cette passion durera jusqu’en 1880 et donnera naissance à quelques trois mille clichés dont un millier ont survécu au temps et à la destruction volontaire.





    Les petites filles
    Ses collègues et concitoyens auraient été bien ahuris de découvrir ce que dissimulaient les placards de sa bibliothèque.

    « Ah, ces placards ! Que de trésors ils renfermaient, pour la délectation des enfants ! Des ours mécaniques, des poupées dansantes, des jouets dont une chauve-souris mécanique de son invention et des jeux de toute nature en surgissaient sans fin, à profusion ! »

    Souvenirs d’une ex-petite fille, Ethel Arnold.

    Le même homme qui publiait de savants ouvrages mathématiques et infligeait des cours ennuyeux comme la pluie, ne voyageait jamais sans un stock de jeux qu’il déballait dans le compartiment du train pour faire connaissance avec des petites compagnes de rencontre. Il n’allait jamais à la plage sans épingle de nourrice qu’il distribuait aux petites filles inconnues qui hésitaient à barboter dans l’eau et gâcher leur robe.

    Ces jouets, jeux et autres prévenances étaient destinés à nouer des amitiés entretenues ensuite par une correspondance poétique mais insistante. Amitiés dont le but était d’obtenir la bienveillance des parents et l’autorisation d’une promenade sans chaperon. Amitiés ou amours purement platoniques !

    Il inventait des jeux, des charades, racontait de longues histoires ou emmenait ses petites amies au théâtre à Londres pour les distraire. Le couronnement de leur relation était la séance de poses photographiques, qui n’était pas exempte de connotation sensuelle lorsque les petits modèles se dévêtaient derrière un fragile paravent pour endosser des robes de princesses : personnages sublimés fixés par son objectif avant que l’âge ingrat ne les lui rende indifférentes ou que les convenances ne les éloignent de lui.

    En dehors de la perspicace Mrs Liddell, la mère d’Alice et de l’une de ses sœurs, ni collègues, ni connaissances ne jugèrent suspecte la manie de Charles Dodgson de fréquenter exclusivement des petites filles. Tout au plus trouvait-on ridicule cet intérêt pour les enfants. Que penserait-on aujourd’hui d’un tel comportement, chaste mais ambigu ?

    Un autre aspect méconnu de sa personnalité insolite : chaque nuit, il profitait de l’insomnie pour dialoguer avec ses correspondantes privilégiées mais surtout avec son journal. Sa lecture révèle l’ébullition de son imagination qu’il calmait par des trouvailles : inventions, charades, énigmes, acrostiches, jeux arithmétiques et projets étranges. Un plan de table pour éviter la bousculade des invités, un méthode pour se raser sans savon, une règle pour trouver le jour de la semaine de n’importe quel jour du mois, le projet d’amélioration d’un vélocimane (tricycle à mains)…

    Conservateur par son comportement quotidien et son choix politique, ses créations et son aspect bricoleur de génie dévoilent un étonnant esprit pratique et moderniste.

    L’écrivain

    Les Aventures d’Alice aux pays des merveilles
    Le temps du chef-d’œuvre, ce fût « au cœur d’un été tout en or », la journée du 4 juillet 1862. Le lieu, un canot sur la rivière, l’Isis, dans lequel se trouvait l’aimée. La présence d’un collègue, Duckworth, ayant désarmé la vigilance de Mrs Liddell, elle leur a confié Alice et ses deux sœurs, Lorina et Edith.

    Alice, alors âgée de dix ans, fût l’unique et tout platonique amour de Charles Dodgson. Il la courtisait au moyen de devinettes ou de belles histoires composées à son usage.

    L’histoire qu’il racontait par-dessus son épaule à Alice, assise derrière lui dans le canot, fût improvisée avec brio tout en maniant l’aviron. Lorsque l’aimée lui demanda d’écrire pour elle son histoire, il accomplit son chef-d’œuvre : un manuscrit des « Aventures d’Alice sous terre », précieusement calligraphié et illustré. Il l’offrira à son inspiratrice, Alice Liddell, le 26 novembre 1864.

    Charles Dodgson rédigera une deuxième version, Les Aventures d'Alice au pays des merveilles, destinée à une publication en librairie. Il se rendra à Londres en janvier 1864 pour convaincre John Tenniel de créer les illustrations d’Alice. Leur collaboration ne sera pas sans accrocs : aucun détail n’échappera à la minutieuse critique de Charles Dodgson. Il dédicacera les premiers exemplaires pour des amis en juillet 1865. Le succès sera immédiat.

    A la Noël 1888, il commencera une troisième version Alice racontée aux petits enfants. Les premiers exemplaires seront distribués à la fin de 1889.

    En écrivant Alice, Lewis Carroll s’est placé sous le signe de la féerie mais il n’en conserve que l’apparence. Point de fées mais les personnages de l’univers merveilleux : roi, reine, nain, sorcière, messager, animaux doués d’un comportement et d’un langage humain. A une pléiade de personnages insolites s’ajoutent les pièces d’un jeux d’échecs, des cartes à jouer vivantes. Clin d’œil à ses lecteurs, des personnages charmants empruntés aux nursery rhymes de son enfance : Humpty-Dumpty, les jumeaux Tweedledum et Tweedledee.

    Si Lewis Carroll s’inscrit dans une tradition, c’est pour la plier à son inspiration : jeux verbaux, chansons, devinettes jalonnent le récit. A maints égards son œuvre est étonnamment audacieuse. Les personnages ne semblent pas accepter les métamorphoses répondant à une saine logique - comme celle de la citrouille devenant carrosse - et cherchent au contraire à y échapper. La parodie est l’une des clés qui ouvre au lecteur l’univers d’Alice.

    Les personnages font en quelque sorte le contraire de ce qu’on attend d’eux. C’est l’inversion, une seconde clé du pays des merveilles. La troisième clé est le nonsense, un genre que Lewis Carroll manipule de façon géniale. Le nonsense feint de laisser espérer au lecteur une explication logique puis traîtreusement trompe ses habitudes de pensée.

    «Je lui en donne une : ils m’en donnèrent deux,
    Vous, vous nous en donnâtes trois ou davantage ;
    Mais toutes cependant leur revinrent, à eux,
    Bien qu’on ne pût contester l’équité du partage.»
    Alice au pays des merveilles, déposition du lapin blanc au procès du valet de cœur.

    Alice est en porte à faux dans le pays des merveilles comme Charles Dodgson l’était dans la réalité. Elle fait tout à rebours ou à contretemps de ce qui est convenable sur un plan social. Elle est toujours trop grande ou trop petite et a conscience de son inadaptation. La reine blanche l’accuse carrément de vivre à l’envers et lui conseille d’apprendre à croire à l’impossible. Mais au contraire de Charles Dodgson qui subissait la réalité, Alice ose se rebeller contre celui de l’anormalité. Elle est hardie et sereine, la projection idéalisée de son auteur.
     

    De l’autre côté du miroir et ce qu’Alice y trouva
    Le sujet est fourni par les aventures d’une petite fille qui a réussi à traverser un miroir. Cet objet mystérieux qu’est le miroir a toujours été lié à la magie et joue un rôle assez inquiétant dans les contes. C’est l’image d’une parfaite justesse pour figurer la ligne de démarcation entre les mondes extérieur et intérieur.

    Tout comme Alice au pays des merveilles, De l’autre côté du miroir est sinon un pur récit de rêve, du moins une histoire fantastique dont l’atmosphère est intensément onirique. D’autres avant lui avaient confondu dans leurs œuvres l’imaginaire et le réel, mais Lewis Carroll a le mérite d’avoir créé un mélange original d’onirisme et de logique.

    « Il a ouvert la voie à un genre de littérature absolument nouveau, dans lequel les faits psychologiques sont traités comme des faits objectifs… Le non-existant, les animaux qui parlent, les êtres humains dans des situations impossibles, tout est considéré comme admis et le rêve n’est pas troublé », dit Florence Becker Lennon.

    Le volume paru en 1871 rencontra lui aussi un immense succès. Les compliments eussent suffi à tourner une tête moins solide. Toutefois, Lewis Carroll écrivit à un correspondant : « Je ne lis jamais rien sur moi-même, ni sur mes livres ».

    Il serait peut-être excessif de parler d’influence entre Lewis Carroll et les représentants de tel ou tel mouvement littéraire contemporain. Mais il n’est pas impossible qu’Alfred Jarry ait pensé à Humpty-Dumpty lorsqu’il imagina son Ubu. Constamment employé à des fins poétiques, le calembour peut également avoir joué un rôle primordial dans l’élaboration de l’œuvre de Raymond Roussel.

    L’invention carrollienne des « mots-valises » a été exploitée à outrance par James Joyce dans Ulysse ou Finnegan’s Wake. Ce dernier a quelque peu compliqué le jeu en empruntant ses vocables à différentes langues.

    Le nonsense aura aussi été l’un des grands ressorts de la poésie dadaïste et surréaliste. L’admirable Grand Jeu de Benjamin Péret, une merveille de l’absurde poétique, est l’un des chefs-d’œuvre de l’époque du surréalisme.


    La Chasse au Snark
    En 1876 paraît La Chasse au Snark qui est l’une des meilleures réussites en vers de Lewis Carroll et l’une de ses œuvres capitales. Les lecteurs voulurent y voir une allégorie, certains de la popularité et d’autres du bonheur, mais il soutint toujours n’avoir voulu y donner aucun sens particulier : « Quant à la signification du Snark, j’ai bien peur de n’avoir voulu dire que des inepties ! écrivait-il à un ami américain. Toutefois, voyez-vous, les mots ne signifient pas seulement ce que nous avons l’intention d’exprimer quand nous les employons… Ainsi, toute signification satisfaisante que l’on peut trouver dans mon livre, je l’accepte avec joie comme étant la signification de celui-ci. La meilleure que l’on m’ait donnée est due à une dame … qui affirme que le poème est une allégorie représentant la recherche du bonheur. Je pense que cela tient admirablement à bien des égards – en particulier pour ce qui concerne les cabines de bains : quand les gens sont las de la vie et ne peuvent trouver le bonheur ni dans les villes ni dans les livres, alors ils se ruent vers les plages, afin de voir ce que les cabines de bains pourront faire pour eux ».

    Lewis Carroll déclara avoir composé La Chasse au Snark en commençant par le dernier vers qui lui vint à l’esprit lors d’une promenade et en remontant vers le début du poème qui se constitua pièce par pièce au cours des deux années suivantes.

    Un thème qui frappe, c’est celui de l’oubli, de la perte du nom et de l’identité. Le personnage du boulanger a oublié sur la grève quarante-deux malles, marquées à son nom, qu’il a également oublié. Lorsqu’il se met à raconter sa triste histoire, l’impatience du capitaine, qui craint une trop longue confidence, l’incite à sauter quarante ans. Ces chiffres évoquent l’âge de Charles Dodgson à cette période !

    En dépit du souffle de fantaisie désopilante qui le parcourt d’un bout à l’autre, La Chasse au Snark n’est pas un poème gai. La quête qu’il relate, en fin de compte, tourne mal. L’anéantissement du boulanger, à l’instant de sa rencontre avec le terrible Boojum, invisible aux autres personnages, laisse une impression de malaise. Rapprochant le poème des premières comédies de Charlie Chaplin, on y voit « une tragédie de la frustration et de l’échec. »

    Il y a incontestablement une part de satire sociale dans l’absurde procès du Rêve de l’avocat qui ressemble beaucoup à une parodie de procès réel.

    Au cours d’une discussion, Charles Dodgson déclara néanmoins qu’il était « d’abord un Anglais et ensuite un conservateur ». Il ne semble pas avoir été choqué par l’exploitation éhontée des travailleurs de son temps. Son exquise sensibilité ne fonctionnait qu’à l’intérieur des étroites limites de la classe sociale à laquelle il appartenait : la bourgeoisie bien-pensante.

    L’année où parut Alice, le Parlement anglais nomma une commission pour enquêter sur l’emploi des enfants. Elle constata que de tout jeunes enfants travaillaient de l’aube jusqu’à une heure tardive pour des tisseries, des ateliers de poterie dans des pièces sans air, glacées l’hiver, étouffantes l’été. Peut-être de telles choses étaient-elles trop horribles à envisager pour Charles Dodgson ?




     

     

     

     

     

     

     

     

    Sylvie et Bruno
    Dans la préface de Sylvie et Bruno, publié 1889, chef d’œuvre qui témoigne d’une technique entièrement renouvelée par rapport à Alice, Lewis Carroll proclame son désir d’ouvrir une nouvelle voie littéraire.

    L’audace est grande pour l’époque de la construction de deux intrigues, le rêve constamment accolé à la réalité. L’objectif essentiel du narrateur est de franchir le mur de la réalité pour atteindre le royaume du rêve : il voit l’un des personnages de son rêve pénétrer dans la vie réelle. Lewis Carroll crée l’effet de duplication de ses personnages.

    L’intérêt réside également dans la juxtaposition des deux intrigues. L’originalité de Lewis Carroll ne consiste pas à unifier rêve et réalité mais à reconstituer une unité à partir de la multiplicité initiale.

    Dans sa préface, ce qu’il nous dit de la construction de son livre : un noyau qui grossit peu à peu, une énorme masse de « litiérature » (litter, ordure) fort peu maniable, un agrégat d’écrits fragmentaires dont rien ne dit qu’ils formeront jamais un tout. Le roman n’est plus cette totalité harmonieuse où s’exprime le souffle de l’inspiration. Le fini romanesque est démystifié d’une façon ironique et pour tout dire sacrilège pour l’époque victorienne.

    Ce texte sera sa dernière création.


    La vie à Oxford
    Le lecteur d’Alice ignore presque tout du comportement de Charles Dodgson dans sa vie quotidienne de citoyen d’Oxford. Il a consacré, entre 1865 et 1896, une douzaine d’écrits touchant à des problèmes ayant agité la vie locale. Ils apportent de savoureuses informations sur la pensée de Charles Dodgson.

    The New Method of Evaluation Applied to Pi (1865). Une critique sarcastique de l’augmentation de salaire accordée à un professeur de grec, coupable aux yeux du conservateur Dodgson, de politiser ses cours dans un sens libéral.

    Son conformisme s’exprime à travers sa farouche réticence au projet de réforme permettant de délivrer des diplômes universitaires aux femmes sans venir résider à l’université… ce qui bouleversait ses habitudes… Des étudiantes résidentes (1896).

    D’une plume trempée dans un humour féroce, il va ridiculiser par l’absurde des projets de transformations architecturales en cours au Christ Church College. Il adressera au doyen Liddell, père d’Alice, un pamphlet anonyme Le Beffroi de Christ Church (1872), une démolition minutieuse, sur papier, du monument.

    L’ironie, le sarcasme, le paradoxe se déchaînent dans sept écrits anonymes. L’auteur s’y livre à un véritable bizuthage de l’establishment oxfordien s’en prenant à son modernisme et son suivisme des idées à la mode.

     

    Rien ne laissait deviner Lewis Carroll, l’enchanteur. Lui-même ne se dévoilait pas, ne faisant jamais allusion à son œuvre en public. Il finit, dans ses dernières années, par renvoyer avec la mention « inconnu » les lettres qu’on lui adressait au nom de Lewis Carroll.

    Les succès remportés au-dehors d’Oxford n’avaient aucune chance d’améliorer la maigre estime accordée au mathématicien. La littérature pour enfants, à laquelle ne pouvait échapper Alice, était un genre mineur, vaguement frivole. S’illustrer dans ce genre revenait pour Charles Dodgson à marquer un peu plus sa marginalité. Le regard d’une société victorienne imposait le non-dit sur la dualité Dodgson-Carroll.

    Ce pays des merveilles sur lequel il régnait en maître dans sa vie rêvée, tout lui en interdirait le seuil dans sa vie vécue. Peut-être se répétait-il les paroles d’espoir échangées par Alice et le chat du Cheshire :

    « - Je ne me soucie pas trop du lieu … pourvu que j’arrive quelque part.
    - Vous pouvez être certaine d’y arriver pourvu seulement que vous marchiez
    assez longtemps. »

     Né le  27 janvier 1832, Lewis Carroll , Verseau ascendant Sagittaire




    Editions françaises
    Lewis Carroll, Œuvres, Editions Robert Laffont, Collection Bouquins, 1989. Vol. 1 : Les Aventures d’Alice sous terre, Les Aventures d’Alice au pays des merveilles, De l’autre côté du miroir et ce qu’Alice y trouva, journaux, … Vol. 2 : La Chasse au Snark, Sylvie et Bruno, …

    Lewis Carroll, Les Aventures d’Alice aux pays des merveilles, De l’autre côté du miroir et ce qu’Alice y trouva, Editions Diane de Selliers, illustrations Pat Andrea, traduction Henri Parisot, 2 vol. et 1 fasc., 2006.


    Bibliographie
    Alice au pays des merveilles
    De l'autre côté du miroir
    La chasse au snark
    Jabberwocky
    Sylvie et Bruno

    Source : Wikipédia

     

     

     

    150 ans d'Alice : Lacan au pays des merveilles

      30.06.2015
     

    "C’est la psychanalyse qui peut rendre compte le mieux de l’effet de cette œuvre."

    En 1966, sur France Culture, le flamboyant Jacques Lacan rendait hommage à Lewis Caroll, passant au tamis de la psychanalyse les Aventures d'Alice au pays des merveilles , célèbres et célébrées dans le monde entier. Une archive à réécouter, alors que la jeune Alice souffle ses 150 bougies : c'est le 4 juillet 1865 que paraissait le récit de son passage à travers le miroir.

     

    Alice, au pays des merveilles - Salle des portesAlice, au pays des merveilles - Salle des portes

    C'est une oeuvre énigmatique dans la mesure où elle "produit un malaise dont il découle une joie singulière ", et où elle possède une prise considérable sur son lecteur sans qu'y soit évoquées les notions de tragédie, de destin ou de jeunesse. "C’est bien là le secret, et qui touche au réseau le plus pur de notre condition d’être : le symbolique, l’imaginaire et le réel ", estimait le psychanalyste Jacques Lacan sur France Culture en 1966.

    Pour lui, seule sa discipline peut lever le mystère de cette oeuvre en convoquant notamment la "théorie du sujet ", qui explique comment Lewis Caroll, en s'adressant à la petite fille, peut tous nous atteindre.Mais attention, il ne s'agit pas d'avoir recours à une "psychanalyse qui court les rues ".

    Seule la psychanalyse éclaire la portée d’objet absolu que peut prendre la petite fille. C’est parce qu’elle incarne une entité négative qui porte un nom que je n'ai pas à prononcer ici si je ne veux pas embarquer mes auditeurs dans les confusions ordinaires.

    Jacques Lacan à propos d'Alice au pays des merveilles, 1966

    Lacan se méfie donc du pédagogue qui, en "chipot[ant] ce qu'il faut donner à lire à nos enfants ", fait un contresens terrible sur "les effets psychologiques de l'oeuvre d'art ." Et de pointer d'un doigt accusateur le psychanalyste autrichien Paul Ferdinand Schilder, qui voyait dans les aventures d'Alice une "incitation à l'agressivité " et une "pente offerte au refus de la réalité. "

    Prêtons l'oreille, pour terminer, au dramaturge et écrivain Eugène Ionesco qui estimait lui aussi que ce récit n'était pas destiné aux enfants... sauf à admettre "que la vision des enfants est pleine de terreurs " :

    FRANCE CULTURE


  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :