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En une ronde presque incessante, les avions militaires tournoient dans le ciel, loin au-dessus des milans, avant de se poser à l’extrémité sud de la piste de l’aéroport de Bastia. Au cours de leur approche finale, les pilotes ne peuvent manquer de remarquer ces fourmis humaines qui grattent la terre à quatre pattes, ni les fondations qu’ils ont révélées depuis novembre 2016. Peut-être savent-ils qu’il y a près de deux mille ans, à la fin du I er siècle de notre ère, le général et consul romain Caius Marius fonda, dans cette plaine côtière où le fleuve Golo termine sa course, une colonie qui allait porter son nom, Mariana.
Fouillée de manière discontinue depuis quatre-vingts ans, la petite ville romaine vient de surprendre les archéologues de l’Inrap (Institut national de recherches archéologiques préventives). A l’occasion de fouilles préalables au détournement d’une route, lui-même inscrit dans un projet de musée archéologique destiné à mettre en valeur le passé antique local, les chercheurs ont sorti de terre une bien curieuse structure. Entre deux crues hivernales du Golo, ils ont mis au jour une longue salle de 11 mètres sur 6, constituée d’un couloir central que bordaient et surplombaient, de part et d’autre, deux banquettes de 1,80 mètre de large. « Quand on a commencé à dégager, reconnaît Philippe Chapon, l’archéologue de l’Inrap responsable de la fouille, on s’est demandé ce que c’était, peut-être une cale à bateaux… »
La découverte de trois fragments formant la partie inférieure d’un bas-relief carré qui devait mesurer 50 cm de côté a livré la clef du mystère. L’œil du profane n’y distingue, à grand-peine, qu’un fouillis de jambes humaines et de pattes animales. Mais les spécialistes reconstituent aisément la scène : il s’agit d’un classique de l’iconographie antique, la mise à mort du taureau par le dieu Mithra. A défaut de le voir vraiment, on finit par deviner la patte arrière de l’animal sur laquelle se surimprime la jambe du dieu, un scorpion qui pince les testicules du bovidé, un serpent et un chien qui se nourrissent là où le poignard divin a frappé et un personnage, tout à fait à droite de la scène, portant une torche à l’envers pour symboliser le soleil couchant et la mort.
Pots à offrandes et restes d’animauxCe n’était donc pas une cale à bateaux, mais un « mithræum », un sanctuaire dédié à Mithra, divinité d’origine indo-iranienne adoptée par des Romains au cours de la période...